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Proposition d’un nouveau test d’autoévaluation de l’état de forme physique du sujet H/F entre 18 et 67 ans : résultats préliminaires – Publi-rédactionnel

F. Bieuzen (Chercheur), A. Chollier (Médecin)

Contexte

L’activité physique associée à une conduite de prévention de santé est aujourd’hui une priorité et un enjeu de santé publique mis en avant par le rapport Toussaint en 2008. En effet, la sédentarité est à ce jour clairement identifiée comme un facteur majeur responsable de nombreux troubles de santé (obésité, troubles cardiovasculaires, troubles musculo-squelettiques…). Cependant, aux questions « Quel est votre état de forme ? », « Quel est votre niveau d’activité physique ? », « Êtes-vous inactif, physiquement actif ou très entraîné ? », les réponses varient très fortement en fonction de la perception que l’individu a de lui-même et de ses référentiels. Il apparaît donc nécessaire d’objectiver l’état physique de l’individu afin de définir avec précision qui peut-être considéré comme inactif et qui ne l’est pas, en vue de proposer une solution adaptée et individualisée. Afin d’y répondre, plusieurs types de tests coexistent. On les classe généralement en deux catégories visant à mesurer, d’une part, la condition physique et d’autre part, le niveau d’activité physique.

La condition physique se définit comme « un ensemble d’attributs que les individus ont ou acquièrent et qui a trait à leur capacité à exercer une activité physique » (Park, 1989). Ces attributs sont généralement évalués à partir de tests :
• cardio-respiratoires à l’aide de mesures de la consommation maximale d’oxygène (VO2max) sur ergomètre en laboratoire ou d’estimation de VO2max par extrapolation à partir de tests de terrain comme le Cooper, le Léger… ;
• d’endurance musculaire qui consistent à répéter ou à maintenir une contraction musculaire soit sur des ergomètres isocinétiques et/ou isométriques (laboratoire), soit à partir d’exercices de terrain tels que : assisdebout, pompes, flexions-extensions de l’avant-bras, tractions ;
• de force musculaire lors de contractions statiques ou dynamiques sur un groupe musculaire ciblé (Wilmore, 1989).

Les standards sur le terrain sont le développé-couché, l’extension de jambe et la flexion de l’avant-bras avec poids libres ;
• de souplesse qui se résument souvent au test de flexion antérieure du tronc (i.e Sit-and-reach test) complété parfois par des mesures d’amplitude articulaire à l’aide de goniomètre (Wilmore, 1989) ;
• d’équilibre, d’agilité et de coordination tels que les tests de maintien immobile sur un pied, de marche sur une ligne avec ou sans les yeux fermés (Tse & Bailey, 1992) ou encore d’analyse vidéo de la marche (Lehmann et al., 1990) ou de changement de position (Cureton, 1943).

 

Des variantes ou adaptations des ces divers tests existent et permettent de compléter et d’affiner l’évaluation de la condition physique. Cependant, aucun test pris isolément ne permet d’évaluer la condition physique globale d’un individu. Aujourd’hui, parmi les quelques tentatives (EUROFIT, 1993) qui visent à globaliser l’évaluation de la condition physique, peu tiennent compte de l’individu et notamment de son sexe ou de son âge. Or, de nombreux travaux scientifiques ont, par exemple, montré que malgré une activité physique très régulière induisant une condition physique élevée, un individu de 65 ans ne peut rivaliser en force avec un individu de 20 ans qui s’entraîne autant (Bieuzen et al., 2010). Cependant, malgré un niveau de force inférieur, l’individu de 65 ans ne doit pas être considéré comme moins actif que celui de 20 ans.

La seconde classification utilisée pour évaluer un individu est le niveau d’activité physique. L’activité physique se définit comme « tout mouvement corporel produit par la contraction du muscle squelettique » (Haskell et Kiernan, 2000). Le niveau d’activité physique peut alors être classé selon plusieurs variables, y compris le type et l’intensité de l’exercice. La mesure du niveau d’activité physique est le plus souvent réalisée à partir de questionnaires ou mesures des comportements. Les tests les plus courants sont les questionnaires d’autoévaluation ponctuels ou chroniques tels que l’International Physical Activity Questionnaire (IPAQ, Craig et al., 2003) ou le Dijon Physical Activity Score (Robert et al., 2004). L’utilisation de mesures de la dépense énergétique par étude du comportement alimentaire, de la fréquence cardiaque ou encore d’enregistrements à partir de capteurs de mouvements (accéléromètre, podomètre…) est également largement répandue. Cependant, l’obtention de données précises et fiables à partir de ce type de mesures est généralement rapportée comme difficile par les chercheurs car souvent très contraignantes pour les individus.

Ces deux classifications ne sont que très rarement confrontées. Il apparaît donc nécessaire d’utiliser plusieurs tests différents et de les pondérer afin de proposer à l’individu une autoévaluation fiable lui permettant de se catégoriser rapidement. Dans ce cadre, un nouveau test pratique d’autoévaluation compilant plusieurs tests simples reconnus a été créé afin d’essayer d’évaluer globalement l’individu. Ce test a fait l’objet d’une première étude scientifique dont l’objectif était de valider les relations entre la catégorisation objective de l’individu en fonction de sa fréquence d’activité physique (activité physique restreinte : ≤ 1 fois par an ; occasionnelle : > 1 fois par an et ≤ 2 fois par an ; régulier : > 2 fois par an) et le score obtenu lors de ce test à partir de mesures objectives.

Description du test Be Watt®

• Il s’agit d’un test auto-administré. Dix exercices et mesures ordonnés de la façon suivante sont proposés associés à des consignes strictes :

Prise du pouls avant le début des exercices. L’individu doit compter ses pulsations cardiaques en exerçant, pendant 15 secondes, une pression à l’aide de l’index et du majeur sur sa carotide (cou) ou son poignet.

Pompes (Negrete et Overstreet, 2010). Pour les hommes, les mains écartées en appui sur le sol sont placées à la verticale des épaules, les pieds sont légèrement écartés pour assurer la stabilité. Le reste du corps est maintenu en position droite, les muscles fessiers sont contractés et légèrement surélevées. Pour les femmes, il est demandé de poser les genoux au sol. Le nombre maximal de pompes effectuées est retenu.

Chaise sans fond (i.e. Sit-Wall test ou Test de Killy -McQuade et coll., 1988 ; Klaber et coll., 1993 ; Demoulin et coll. 2005 ; Bernard et coll. 2008). Le dos et la tête sont placés verticalement contre un mur, les angles tronc/cuisses et cuisses/jambes doivent former un angle de 90°, les bras sont libres le long du mur. Le temps de maintien maximal est comptabilisé.

Gainage/abdominaux (Schellenberg et coll., 2007). L’individu se place en appui sur ses coudes sur le sol en les plaçant à la verticale des épaules et écartés, les pieds sont légèrement écartés pour assurer la stabilité. Le temps de maintien maximal est pris en compte.

Test d’effort. Ce test s’effectue en quatre temps : 1. Mesure du pouls au repos. 2. L’individu tente d’effectuer au moins 30 flexions en 45 secondes. 3. Mesure du pouls immédiatement après l’effort. 4. Mesure du pouls 1 minute après la fin de l’effort. – Équilibre (i.e. Flamingo balance test-Programme EUROFIT ; Sundstrup et coll.). En position debout, l’individu se place sur un pied, la cheville de la jambe opposée derrière le genou de la jambe tendue, avec les mains sur les hanches et les yeux fermés. Le temps de maintien maximal dans cette position est pris en compte.

Souplesse (i.e. Stand and reach test -Holt et coll.,1999 ; Wells et Dillon,1952 ; Chu et coll., 1998). Ce test vise à mesurer la souplesse des muscles postérieurs lors d’une flexion dorsale, jambes tendues, en position assise.

Capacité respiratoire (i.e. Forced expiratory time – Kainu et coll.,2008 ; Rosenblatt et Stein, 1962 ; Lal et coll., 1967 ; Godfrey et coll., 1970 ; MacDonald et coll., 1975 ; Burki et Dent, 1976). Le temps maximal d’expiration forcée suite à une inspiration maximum est pris en compte.

Test de fatigue (i.e. Échelle de Pichot – Gardenas et coll. 2002). L’individu doit évaluer, à partir de l’une des 5 catégories “pas du tout”, “un peu”, “moyennement”, “beaucoup” et “extrêmement”, ses états suivants :

1. Je manque d’énergie

2. Tout demande un effort

3. Je me sens faible à certains endroits du corps

4. J’ai les bras ou les jambes lourdes

5. Je me sens fatigué sans raison

6. J’ai envie de m’allonger pour me reposer

7. J’ai du mal à me concentrer

8. Je me sens fatigué, lourd et raide

Indice de masse corporelle. Poids (en kg) / taille2 (en m).

Mesure du tour de taille/hanches (i.e. Waist-to-hip ratio (WHR) – Stevens et coll. 2009 ; Huxley et coll. 2010) – La mesure du tour de taille est effectuée juste sous l’ombilic et celle du tour des hanches, au niveau du pubis.

 

• 5 catégories d’âges sont différenciées : 20-29 ans, 30-39 ans, 40- 49 ans, 50-59 ans et ≥ 60 ans.

• Une pondération spécifique au sexe et à l’âge est appliquée pour chaque test permettant d’obtenir une note totale sur 100. Cette note sur 100 est alors retenue comme “indice de forme”.

 

Méthodologie d’évaluation du test préliminaire

Afin d’évaluer ce test préliminaire, un premier échantillon de 119 personnes dont 60 hommes et 59 femmes âgés de 20 à 62 ans ont participé volontairement au test. Avant de réaliser le test, il leur a été demandé de se placer dans l’une des catégories suivantes en fonction de leur fréquence de pratique sportive : activité physique restreinte, pratiquant occasionnel ou régulier. Ces personnes ont ensuite réalisé le test sous contrôle d’un observateur afin de s’assurer du respect des consignes. Toutes les données ont été moyennées et présentées avec un écart type. Une analyse de variance (ANOVA) a été employée pour comparer les résultats en fonction du facteur groupe (activité physique restreinte, occasionnel, régulier). Lorsque les valeurs de F étaient significatives, une analyse post-hoc de Newman-Keuls était réalisée. Le seuil de significativité a été fixé à p < 0,05. L’ensemble des analyses statistiques était réalisé avec le logiciel Statistica 7.0® (StatSoft, Inc. TULSA, Oklahoma ; USA) sous Windows®.

 

Résultats

Une différence significative est observée entre chaque groupe (Fig. 1).

Cette différence est également observée lorsque les groupes sont différenciés par sexe (Fig. 2).

Discussion, conclusion

L’objectif de cette étude préliminaire était de vérifier que le score obtenu, lors de ce nouveau test à partir d’un premier échantillon de sujets, permettait de distinguer significativement trois catégories différentes d’état de forme physique. En effet, la difficulté lors de la création de ce test était de pouvoir réunir plusieurs tests existants mais également de valider un système de pondération en fonction de l’âge et du sexe. Nos résultats montrent que pour l’ensemble de la population testée mais également lors de l’analyse en fonction du sexe, les scores obtenus sont effectivement significativement différents selon la classification des individus. De ce fait, au niveau de ce premier échantillon, le test répond bien à l’objectif initial fixé. Il apparaît alors possible de déterminer des seuils permettant de servir de référence pour classer a priori les individus. Ainsi, un résultat en deçà de 55 % permettrait de se classer dans la catégorie “Activité physique restreinte”, entre 55 et 75 % dans la catégorie “pratiquant occasionnel” et au-delà de 75 % dans la catégorie “pratiquant régulier”. Nous disposerions ainsi effectivement d’un indice objectif permettant d’évaluer le niveau de forme d’un sujet donné.

Il semblerait intéressant dans de prochaines études d’augmenter la population de l’échantillon test afin d’envisager une classification plus fine et plus segmentée. Une procédure de validation du type test/re-test doit également être envisagée afin de s’assurer de sa fiabilité et d’observer des modifications du score des individus en fonction d’une modification de leur comportement en terme d’activité physique (par exemple, le suivi d’un entraînement régulier).

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