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Douleur du poignet chez une sportive : Cas d’une fracture passée inaperçue

Dr Olivier Fichez (Service de médecine du sport, CHU Salvator, Marseille)

Dr Olivier Fichez

Il s’agit d’une jeune joueuse russe de tennis pratiquant la compétition, âgée de 14 ans et 4 mois, jouant au tennis plutôt à plat, revers à deux mains, raquette cordée à 25 kg, pesant 325 g.

Historique

On retrouve dans ses antécédents la notion d’une chute avec impact direct sur le poignet droit ayant généré une douleur médiane avec petite composante nocturne, pulsatile, s’estompant progressivement en une dizaine de jours.

 

Les radiographies initiales sont négatives, un traitement par attelle pendant deux semaines est institué puis une mobilisation kinésithérapique l’amène à une amélioration d’environ 80 %.

 

Lors de sa reprise, Mademoiselle Z. présente une grande difficulté sur le coup droit ainsi que sur le service. La douleur se situe au niveau du bord radial ainsi que sur la partie médio-carpienne, sans claquement, sans gonflement, sans ecchymose, sans sensation d’instabilité.

Diagnostic

A l’examen clinique on retrouve une douleur palpatoire dorsale au niveau du carpe, globalement correspondant à l’axe du 3e métacarpe, sans douleur de la tabatière anatomique. La palpation des tendons, long extenseur, court extenseur du pouce est négative, de même que celle des extenseurs communs. Les différents testings isométriques ne reproduisent aucune douleur.

 

Pas d’instabilité clinique et notamment négativité de la manœuvre de Reagan et de Watson. Lors de cette consultation du 18 décembre 2009, nous décidons de réitérer des radiographies qui montrent un aspect un peu inhomogène du capitum néanmoins sans véritable image fracturaire. Par ailleurs, il n’y a pas de DISI, de VISI lors des épreuves dynamiques (Fig. 1).

Figure 1 – Les radiographies montrent un aspect un peu inhomogène du capitum.

Face à cette suspicion de fracture passée inaperçue sur le bilan initial, nous demandons alors un scanner ainsi qu’une scintigraphie.

La scintigraphie du 6 janvier 2010 montre une hyperfixation nette du poignet droit tant au temps précoce qu’au temps tardif (Fig. 2).

Figure 2 – Scintigraphie du 6 janvier 2010 : hyperfixation nette du poignet droit, tant au temps précoce qu’au temps tardif.

Cette scintigraphie semble correspondre au grand os, ce qui est confirmé par la tomodensitométrie montrant une fracture oblique du grand os, non déplacée, mais sans signe de consolidation (Fig. 3).

Figure 3 – La tomodensitométrie montre la fracture oblique du grand os, sans signe de consolidation.

Discussion

Un traitement est décidé par attelle d’immobilisation pendant 4 semaines. Cette observation stigmatise la nécessité d’être extrêmement prudent sur les douleurs post-traumatiques du poignet, le diagnostic de simple impaction ou d’entorse étant trop souvent celui de facilité, cette observation ne portant pas trop à conséquence compte tenu de la bonne potentialité de consolidation du capitum mais il en serait tout autrement concernant le scaphoïde et le lunatum dont on connaît les potentialités de complication post-fracturaire à type de nécrose ou de pseudarthrose.

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