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Congrès SFMES-SFTS – Les urgences sur le terrain – les aspects traumatologiques

Dr Alain Frey (Praticien hospitalier Médecine du sport, CHI, Poissy/Saint-Germain-En-Laye) - Propos recueillis par Léna Pedon, le 12 décembre 2018

Comment exercer la médecine du sport sur le terrain ?

Les aspects réglementaires lors d’une surveillance en compétition

Lorsqu’un médecin surveille une compétition sportive, il doit suivre les règles médicales de la fédération. Il interviendra sur le terrain selon la réglementation fédérale en cours (à la demande des arbitres, soit spontanément, soit en cas d’urgence absolue).

Préparation en amont

La réglementation médicale fédérale doit être connue avant de surveiller une compétition dans un sport donné.
C’est pourquoi il ne faut pas accepter de surveiller une compétition une heure avant le début, sans avoir pu échanger avec l’organisateur et s’être mis d’accord sur quel sera le rôle exact du médecin. Doit-il surveiller uniquement les sportifs et les entraîneurs ? Ou bien doit-il aussi surveiller le public ?
Le médecin vérifie auprès de l’organisateur la question du matériel (quel sera le matériel médical mis à disposition du médecin ?).
La préparation en amont est donc indispensable pour préparer le terrain : prendre connaissance des locaux mis à disposition, la disponibilité du matériel, la présence ou non d’un défibrillateur, le type et l’effectif du public.

Cas des grosses manifestations

Les grosses manifestations sont quant à elles soumises aux règles préfectorales locales, et certains endroits, en fonction du nombre de spectateurs, doivent être pourvus d’équipes de secouristes.

Le médecin doit donc s’enquérir de tous ces détails avant de surveiller une compétition.

Les services de secours

Il faut s’assurer que les services de secours comme les sapeurs-pompiers soient prévenus et que le service d’urgence proche ainsi que le SAMU soient avertis du déroulement de cette manifestation et qu’un médecin sera sur place et susceptible d’envoyer du monde aux urgences.

Assurances

Le médecin préviendra son assurance personnelle qu’il va sortir de son exercice habituel (cabinet ou hôpital), et qu’il va sur le terrain. Le niveau des compétitions et la catégorie d’âge des sportifs doivent être précisés (professionnels ou amateurs). L’assurance est également prévenue en cas de déplacement à l’étranger s’il accompagne une équipe.
Toujours au niveau assurantiel, il faut que l’organisateur ou la fédération ait également une assurance responsabilité civile collective pour tous les personnels médicaux et paramédicaux qu’il souhaite utiliser.

La trousse de secours

La trousse de secours est indispensable sur le terrain, car le médecin peut être amené à pratiquer différents types de gestes : suturer une plaie s’il elle n’est pas trop profonde, examiner les sportifs sur l’aspect traumatologique principalement, mais aussi faire face à des problèmes médicaux (douleurs abdominales, thoraciques, etc.).
Il doit être armé pour faire face à toutes ces situations.

Composition

La trousse de secours doit être composée :
– d’un stéthoscope et d’un appareil de mesure tensionnelle,
– de quoi pratiquer un dextro pour rechercher le taux de sucre,
– d’un thermomètre,
– d’un marteau-réflexe, d’un abaisse-langue, d’un otoscope,
– de médicaments d’urgence,
– de quoi suturer (sutures, colle, agrafes), de nécessaire à la désinfection, de pansements,
– de moyens de contention (bandes adhésives élastiques et non élastiques) pour réaliser un strapping si absence de kinésithérapeute,
– d’une attèle, d’un collier cervical, pour faire les premiers soins si besoin.

Matériel de réanimation

Le matériel de réanimation n’est pas une nécessité sur le terrain. L’idéal est qu’il y ait au moins un défibrillateur et s’assurer de son bon fonctionnement.
De plus, avoir une équipe de secouristes sur place est toujours mieux, car ils possèdent leur propre matériel, avec de l’oxygène et un défibrillateur entre autres.

Les pathologies urgentes traumatiques

La prise en charge des plaies

Avant de prendre en charge une plaie, plusieurs points doivent être vérifiés :
– le siège,
– la profondeur,
– y a-t-il une hémorragie ?
De plus, il faut écarter tous les éléments qui pourraient gêner le soin et empêcher une contamination d’une tierce personne.
En effet, le risque de piqûre septique est possible sur le terrain.
Si jamais un risque de contamination existe (HIV, Hépatite B et C), le médecin doit suivre les protocoles en cours concernant le traitement à appliquer en cas d’un risque de contamination par le virus HIV.

Le crâne et le rachis

Lors d’un choc à la tête, le risque de commotion cérébrale est présent.
Il est important de la dépister au plus vite. Plusieurs signes peuvent alerter :
– perte de connaissance, convulsions,
– troubles de l’équilibre, de la vision,
– mal de tête, fatigue, confusion, somnolence,
– troubles de la mémoire, ralentissement des idées,
– irritabilité, tristesse, impression d’ivresse,
– hypersensibilité au bruit, à la lumière,
– troubles du sommeil
– diminution de la performance.

Si une commotion cérébrale est avérée, le sportif doit arrêter immédiatement la compétition et prévenir l’arbitre ou le médecin. C’est pourquoi il est important qu’il connaisse ces signes.

Le rôle du médecin est d’appréhender si le sportif est apte reprendre la compétition ou s’il doit l’adresser aux urgences. Il s’aidera entre autres du dernier questionnaire SCAT 5.

Si un traumatisme au niveau du rachis a lieu, l’immobilisation du sportif doit être immédiate. Un examen neurologique sera pratiqué (attention aux paresthésies).

Le tronc

Les risques de traumatismes sont surtout thoraciques et abdominaux.
La fracture de côte certes, est souvent douloureuse, mais le danger se situe en dessous : il faut vérifier les organes (cœur, poumon, médiastin, foie, rate, reins, etc.).
C’est pourquoi avoir un appareil d’échographie portable, pour ceux sachant l’utiliser, peut s’avérer utile.

Le membre supérieur

Les traumatismes les plus souvent rencontrés sont :

• Épaule
– Luxation gléno-humérale
– Entorse acromio-claviculaire
– Fracture de la clavicule
– Lésion de la coiffe des rotateurs

• Coude
– Luxation postérieure
– Fracture de la palette humérale
– Désinsertion basse du biceps brachial
– Entorse du plan médial

• Poignet/main/doigt
– Luxation des doigts
– Fracture des métacarpiens

Attention, tout traumatisme du poignet est une fracture naviculaire jusqu’à preuve du contraire.

Le membre inférieur

Les traumatismes les plus souvent rencontrés sont :

• Bassin/hanche
– Traumatisme du bassin (attention au risque d’hémorragie)
– Penser aux arrachements apophysaires : EIAS (épine iliaque antéro-supérieure), EIAI (épine iliaque antéro-inférieure), ischion…
– Luxation de la hanche

• Genou
– Luxation de la patella
– Lésions du pivot central et/ou des plans latéraux
– Luxation du genou
– Fracture de la patella

• Jambe/cheville
– Entorse de la cheville, en particulier l’entorse latérale
– Fractures
– Lésions tendineuses

Conclusion

« Le médecin ne vient pas surveiller une compétition les mains dans les poches ».
Il faut avoir évaluer les risques avant. La responsabilité est certes celle de l’organisateur, mais dès lors qu’il délègue à un médecin, le médecin endosse la responsabilité médicale.
Il faut savoir quelle attitude avoir devant un traumatisme, les gestes possibles que le médecin peut réaliser sur le terrain, ceux qu’il vaut mieux éviter…
En cas de doute, il ne faut pas hésiter à évacuer le sportif vers un centre d’urgence, préalablement prévenu qu’une compétition se déroulait à proximité.

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