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Activité physique en prévention tertiaire du cancer du sein et du côlon

mds98-dossier-img3L’élément le plus important et probablement le plus novateur dans les relations entre activité physique et cancer est la démonstration que le niveau d’activité physique démarrée après le diagnostic de cancer du sein ou du côlon diminue significativement la mortalité globale, la mortalité par cancer et le nombre de récidives du cancer (11). Plus précisément, l’activité physique après le traitement d’un cancer diminue le risque de récidive de 50 à 60 % pour le cancer du sein et pour le cancer du côlon.

A – Résultats des études observationnelles

La cohorte des infirmières de la Nurses’ Health Study (121 700 femmes suivies depuis 1976) a été le support de deux des études les plus importantes. La première a porté sur 2 987 femmes dont un cancer du sein a été diagnostiqué (stade I, II ou III) qui ont été suivies pendant en moyenne 8 ans. L’activité physique a été mesurée par questionnaire tous les 2 ans. Le risque de décès par cancer du sein ou de récidive d’un cancer du sein est diminué de 20 à 50 % chez les femmes qui marchent 3 à 5 h par semaine par rapport à celles qui marchent moins de 3 h par semaine (9). Ces résultats ont été confirmés par l’étude WHEL (Women’s Healthy Eating and Living Study) qui rapporte un risque relatif de rechute réduit à 0,56 pour les femmes qui marchent 30 minutes par jour 6 fois par semaine (12).

 

La seconde étude portant sur la cohorte des infirmières de la Nurses’ Health Study a suivi pendant 9,6 ans en moyenne 573 femmes dont un cancer du côlon a été diagnostiqué (stade I, II ou III) (13). La mortalité à 5 ans est diminuée de 61 % dans le groupe ayant une activité physique correspondant à 18 METs/h/semaine (RR = 0,39) par rapport à celui ayant une activité physique < 3 METs/h/semaine (RR = 1). Cet effet est indépendant de l’IMC, du stade du cancer et de la localisation du cancer. Cet effet dépend de l’activité physique après le cancer, le niveau d’activité physique avant la découverte du cancer n’ayant pas d’effet sur la survie. Ainsi, les femmes qui ont augmenté leur activité physique après le diagnostic de cancer, par rapport aux femmes qui n’ont pas modifié leur activité physique, ont une diminution de la mortalité toute cause confondue de 57 % et de la mortalité par cancer de 61 %. Les mêmes résultats sont retrouvés dans l’étude (14) sur les effets de la variation de l’activité physique après le traitement du cancer du sein. Ils montrent l’effet bénéfique de l’augmentation de l’activité physique (diminution du risque de 67 % chez les femmes pratiquant 2,5 h/semaine d’activité physique d’intensité modérée [9 METs/h/semaine] par rapport aux femmes inactives) mais aussi l’effet péjoratif de la diminution de l’activité physique après le traitement pour le cancer avec un risque de mortalité multiplié par 4 (RR = 3,95) (après ajustement pour l’âge, l’ethnie, le stade du cancer, le traitement du cancer, l’utilisation de tamoxifène, l’IMC et la quantité de fruits et légumes consommés) (14).

 

La dernière étude a porté sur une cohorte plus homogène de 832 patients (hommes et femmes) présentant un cancer du côlon stade III qui tous ont été traités par chimiothérapie et chirurgie (11). Lors du suivi (2,8 ans en moyenne), les sujets qui ont une activité physique régulière post-chimiothérapie ont un taux de récidive du cancer ou de mortalité toute cause confondue significativement diminué de 47 % par rapport à ceux qui sont sédentaires.

 

Toutes ces études suggèrent donc que l’activité physique pourrait apporter des effets bénéfiques supplémentaires à ceux de la chirurgie, radiothérapie et/ou chimiothérapie pour la survie après traitement d’un cancer du sein ou du côlon. Cependant, il ne s’agit que de résultats d’études observationnelles qui ne permettent pas de dégager formellement une relation de cause à effet. L’association de ces études avec des marqueurs biologiques qui pourraient faire le lien entre cancer et activité physique reste nécessaire, mais représente encore un (trop) petit nombre d’études.

B – Quelle activité physique ?

La revue de la littérature montre que cet effet bénéfique de l’activité physique sur la survie est obtenu quel que soit le type d’entraînement : endurance, résistance ou mixte. L’intensité à partir de laquelle des effets sur la survie sont observés est de 8-9 METs-h/semaine ce qui correspond à 30 min de marche à bon pas 4 à 5 fois par semaine et ceci quel que soit le niveau d’activité physique avant le diagnostic (Tab. 1). Cependant, c’est l’activité physique démarrée après le traitement qui compte et ceci quel que soit l’intervalle depuis le diagnostic de cancer (15). De plus les travaux récents de Holick abaisseraient plutôt le seuil à 2,8 METs/h/semaine ce qui correspond à marcher au total de 3,2 km à 4,6 km par semaine et rejoint les recommandations internationales d’activité physique. Enfin, toute augmentation de l’activité physique d’intensité modérée de 5 METs/h/semaine s’associe à une diminution supplémentaire de 15 % de décès par cancer du sein.

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