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Les ostéochondrites

Une pathologie liée à une sollicitation excessive

Les effets bénéfiques du sport sur la santé justifient l’incitation à la pratique sportive, avec une participation de plus en plus intense et chez des enfants de plus en plus jeunes. Paradoxalement, il existe actuellement une diminution générale des activités quotidiennes chez les enfants, expliquant des conditions physiques générales plus basses. L’intensification des activités sportives chez des enfants ayant une condition physique plus basse va induire des lésions d’hypersollicitation ou d’« over-use » chez l’enfant en croissance (1).

Sur les plans anatomique et physiopathologique, ces lésions touchent habituellement la chondro-épiphyse et correspondent à une perturbation de l’ossification enchondrale. Ces lésions sont actuellement regroupées sous le terme d’ostéochondrite (ou ostéochondrose), qui remplace les termes plus anciens d’épiphysite ou apophysite (2).

Si la tendance actuelle est d’utiliser le terme ostéochondrose, nous utilisons délibérément dans cet article celui d’ostéochondrite, le suffixe -ite désignant l’inflammation.

La chondro-épiphyse est une unité fonctionnelle qui comporte plusieurs zones : épiphyse, physe et apophyse (3). On retrouve différentes formes d’ostéochondrites en fonction de la zone atteinte :

  • Les ostéochondrites apophysaires sont les plus fréquentes. Il existe une proportionnalité entre la fréquence de ces atteintes et l’activité sportive. Elles ont une origine traumatique et résultent d’une discordance entre la croissance osseuse et la croissance du système musculotendineux. Elles surviennent pendant la période de modification staturale, en particulier d’augmentation de la masse musculaire. La force musculaire augmente plus rapidement que la résistance des zones cartilagineuses d’insertion des tendons. Les forces de traction disproportionnées à ce niveau vont être responsables de réactions inflammatoires, voire de réels décollements micro-traumatiques. Il n’y a pas d’incidence familiale, ni de facteurs morphologiques prédisposant, à l’exception parfois d’une certaine « raideur tendino-musculaire » qu’il conviendra de rechercher.
  • L’ostéochondrite physaire s’explique également par des traumatismes répétés. La forme la plus fréquente est l’atteinte du poignet chez la gymnaste.
  • L’ostéochondrite épiphysaire est de cause encore inconnue. Différentes théories ont été élaborées : endocriniennes, vasculaires, génétiques et micro-traumatiques. À savoir qu’il existe deux formes d’ostéochondrite épiphysaire :

l’ostéochondrite primitive qui touche le noyau d’ossification primaire dans sa globalité chez le sujet jeune (au niveau de la hanche : maladie de Legg-Perthes-Calvé, au niveau de l’os naviculaire : maladie de Köhler-Mouchet, au niveau du capitulum : maladie de Panner),

l’ostéochondrite disséquante qui se retrouve généralement chez l’enfant plus âgé et touche une zone restreinte dont les trois localisations préférentielles sont : condyle fémoral, talus, capitulum.

S’il existe de nombreuses formes et localisations d’ostéochondrites, celles-ci ont toutefois des points communs en termes de présentation clinique, mais également de prise en charge.

Modalités de prise en charge

L’interrogatoire est une étape essentielle de la prise en charge. Il va permettre de faire le diagnostic et d’établir une stratégie de prévention pour diminuer le risque de récurrence.

La douleur est le symptôme majeur et le premier signe d’appel (4). Cette douleur peut évoluer depuis quelques mois et est le plus souvent modérée, diurne, d’horaire mécanique, majorée par l’activité sportive et calmée par le repos. Sa localisation est précise, montrée par le doigt de l’enfant. Il peut exister des signes inflammatoires comme une tuméfaction sur les apophyses superficielles. La douleur va permettre de classer les lésions d’hypersollicitation en 4 stades (5) :

Stade 1 : la douleur survient après une activité physique.

Stade 2 : la douleur survient pendant l’activité physique sans retentissement fonctionnel.

Stade 3 : la douleur survient pendant l’activité physique et persiste toute la journée, avec un retentissement fonctionnel.

Stade 4 : la douleur survient lors de toute activité physique.

L’interrogatoire devra également analyser de façon plus précise l’activité sportive (nombre d’heures), les conditions d’exercice (étirements), l’équipement, le niveau sportif, pour rechercher des facteurs favorisants. L’examen clinique est en général pauvre. Il cherche à reproduire une douleur à la palpation. Il faut rechercher une raideur musculotendineuse ou, au contraire, une hyperlaxité.

Les examens complémentaires ont deux intérêts : dans le cadre du diagnostic différentiel pour écarter une affection tumorale ou infectieuse, mais aussi pour rechercher des calcifications ectopiques. Dans le cadre du suivi, il est important de rappeler que la cicatrisation radiologique est toujours en retard sur la guérison clinique. Des radiographies standard doivent être systématiquement réalisées en cas d’unilatéralité ou d’un caractère atypique de la douleur (réveil nocturne).

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