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Outils de dépistage des troubles du sommeil

A. La polysomnographie

■ Le principe

La miniaturisation liée à l’électronique et l’informatique permet de mesurer, chez les patients en situation réelle, la réalité des troubles du sommeil allant des insomnies à l’apnée du sommeil.

L’enregistrement Polygraphique du Sommeil ou Polysomnographie (PSG) permet d’enregistrer le sommeil de façon précise au cours d’une nuit.

■ Les mesures

L’examen consiste à recueillir simultanément :
l’activité électrique du cortex cérébral au moyen d’électrodes ;
les mouvements des yeux par électro-oculogramme ;
• et le tonus musculaire au niveau du menton par électromyogramme.
On enregistre également :
l’activité cardiaque par électrocardiogramme ;
la respiration à l’aide d’une sonde nasale ;
et la saturation sanguine en oxygène, avec un oxymètre placé à l’extrémité de l’index.

■ But : définir l’architecture du sommeil

Tous ces capteurs sont nécessaires pour bien définir l’architecture du sommeil (nombre de cycles, quantité de sommeil profond, quantité de sommeil paradoxal, efficacité du sommeil…) et le diagnostic de pathologies comme les apnées du sommeil ou le syndrome des jambes sans repos.

Un enregistrement vidéo peut également être proposé, pour dépister le somnambulisme ou d’autres troubles plus rares du comportement se manifestant au cours du sommeil.

Cet examen complet du sommeil peut être réalisé à domicile ou dans des Centres spécialisés équipés de chambres de sommeil.

B. La polygraphie ventilatoire

■ Le principe

La polygraphie ventilatoire enregistre uniquement la respiration pour dépister les apnées du sommeil au cours de la nuit. Cet examen se déroule à domicile, le patient récupère au laboratoire du Centre du sommeil le dispositif puis le ramène le lendemain matin. Il permet un enregistrement du sujet dans les conditions habituelles de vie et perturbant moins les habitudes du patient.

 

■ Le dispositif

Selon les appareils et le type d’examen voulu, le dispositif peut être constitué des éléments suivants :
un capteur nasal : capteur qui mesure le flux respiratoire, par les variations de pression des voies supérieures aériennes ;
des ceintures abdominales et thoraciques : elles suivent les mouvements respiratoires et donnent des informations sur d’éventuelles gênes de la respiration ;
un capteur de son : collé à la base du cou, il permet l’analyse du ronflement ;
• ainsi qu’un oxymètre : placé au bout du doigt pour mesurer l’oxygénation du sang.

 

■ But : dépister les apnées du sommeil

Une apnée est définie par l’arrêt du flux respiratoire durant plus de 10 secondes. Cet arrêt peut être d’origine centrale, obstructive ou mixte (c’est-à-dire d’origine centrale puis obstructive).
Les apnées obstructives sont dues, comme leur nom l’indique, à l’obstruction des voies aériennes supérieures avec persistance des efforts ventilatoires.
Les apnées centrales sont dues à l’absence de commande respiratoire provenant du système nerveux.

C. L’actimétrie

■Le principe

L’actimétrie est un examen qui enregistre les périodes de vigilance et de sommeil par la mesure des mouvements physiques. Il mesure l’activité ou l’absence de celle-ci au fil du temps. Il peut être porté pendant de longues périodes de temps par des sujets de tous âges et en bonne santé. À ce titre, il est un outil pratique pour l’enregistrement ambulatoire de l’activité physique pour un usage clinique ou pour celui de la recherche.

■ But : quantifier les durées de veille et de sommeil

L’actimétrie sert à quantifier de façon objective la durée des périodes de veille et de sommeil sur un temps donné et permet de déterminer plusieurs paramètres comme :
• l’heure de coucher ;
• la latence d’endormissement ;
• le nombre et la durée des réveils nocturnes ;
• l’heure à laquelle la personne s’est réveillée et s’est levée ;
• le temps de sommeil.

L’actimétrie est souvent utilisée dans l’évaluation de l’insomnie, les troubles du rythme circadien et l’accompagnement et le suivi des gens à risque car travaillant en horaires décalés (décalage horaire, travails postés, sportifs en situation opérationnelle).

D. Les tests itératifs “TILE et TME”

Les tests permettent de mesurer la somnolence et la capacité à rester éveillé par l’enregistrement électroencéphalographique. Ces examens sont indiqués pour les personnes qui souffrent de somnolence excessive et de fatigue inexpliquée. L’examen se déroule la journée au laboratoire du Centre du sommeil, et comprend 5 siestes enregistrées.

 

■ Le Test Itératif des Latences d’Endormissement (TILE)

Principe et but

Le TILE a pour but d’apprécier et de mesurer la somnolence excessive au cours de la journée. Pour ce faire, le patient est placé dans une pièce dédiée, au calme et dans l’obscurité (comme pour faire la sieste), à horaires fixes. L’enregistrement consiste à rechercher la présence d’endormissements anormaux en sommeil paradoxal. Ce test est basé sur le principe selon lequel plus un sujet est somnolent, plus il s’endort rapidement. Le patient est enregistré à 5 reprises pendant 20 minutes toutes les 2 heures.

 

Résultats

Un sujet normal s’endort en 15 à 20 minutes. Une latence moyenne d’endormissement inférieure à 8 minutes est anormale et indique l’existence d’une somnolence diurne pathologique liée pour la plupart du temps à une dette de sommeil. Une latence inférieure à 5 minutes est franchement pathologique.

 

■ Test de maintien d’éveil (TME)

But

Le TME est un enregistrement polysomnographique qui s’effectue de jour. Ce test ne sert pas au diagnostic mais plutôt à l’efficacité d’un traitement contre la somnolence diurne excessive et à apprécier notre capacité à lutter contre la somnolence (application en médecine du travail pour des postes de sécurité ou dans la conduite automobile par exemple).

Principe et résultats

Ce test se déroule dans une pièce éclairée où le patient est assis sur un fauteuil. On lui demande d’essayer de ne pas s’endormir en luttant contre le sommeil et cela à 5 reprises pendant la journée, durant des épisodes de 20 minutes. Lors de ce test, on mesure la latence d’endormissement et le type de sommeil présent. Les spécialistes du sommeil considèrent qu’un endormissement survenant avec une latence moyenne inférieure à 12 minutes est pathologique. Le TME est le test de référence pour la commission médicale d’aptitude à la conduite automobile.

E. L’agenda du sommeil et les questionnaires du sommeil

Les échelles et les questionnaires sont utilisés pour mieux apprécier l’origine et l’importance des troubles du sommeil.

 

■ L’agenda du sommeil

L’agenda se remplit le matin et le soir avant le coucher. Après avoir indiqué la date et précisé si la personne entame un jour de travail ou un jour de repos, celle-ci doit porter un jugement sur la qualité de son sommeil en traçant un trait sur une échelle analogique visuelle entre les deux extrémités “excellent” ou “très mauvais”. Cet agenda se tient pendant plusieurs jours consécutifs afin de donner une bonne vision des rythmes veille – sommeil pendant la semaine et le week-end.

 

■ Les questionnaires et les échelles

Ces questionnaires ont pour objectif de caractériser les comportements ou les troubles du sommeil. Ils ont été conçus de façon scientifique et validés sur des populations très importantes.

 

Echelle d’Epworth

En 8 questions, elle est employée pour apprécier la tendance à somnoler dans la journée.

 

Questionnaire de Vis-Morgen

• Etude qualitative.
• Permet de savoir si le patient a passé une bonne nuit.
• Précisions sur les heures de coucher, de lever, sur le nombre de fois où le patient s’est réveillé, s’il a fait des cauchemars…

 

Questionnaire de sommeil de Spiegel

• Etude quantitative.
• Renseignements sur le sommeil du patient
• Délai d’endormissement
• Qualité du sommeil
• Durée du sommeil
• Réveils nocturnes
• Rêves
• Etat le matin

 

Index de qualité du sommeil de Pittsburgh (PSQI)

Composé d’une série de 11 grandes questions, il permet d’établir un score de qualité du sommeil, de comparer les effets d’une intervention ou d’un traitement sur un grand nombre de personnes et d’en évaluer l’efficacité de façon quantitative.

Alexandre Dubois (European Sleep Center, Paris), Maxime Elbaz (Centre du sommeil et de la vigilance, APHP Hôtel-Dieu, Paris), Dr François Duforez (Centre du sommeil et de la vigilance, APHP Hôtel-Dieu ; European Sleep Center, Paris)

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