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Partie 2 : que sont les TCA ?

Que sont les TCA ?

Appelés désordres alimentaires ou troubles du comportement alimentaire, les TCA sont représentés par un ensemble de troubles liés à l’alimentation, caractérisés par des perturbations psychologiques et des désordres physiologiques de l’appétit et/ou de la consommation d’aliments. Ils sont très souvent associés à des troubles de l’image du corps. Ils débutent fréquemment à l’adolescence. Sous le vocable de troubles du comportement alimentaire sont regroupés plusieurs termes : la boulimie, l’anorexie, le BED (Binge eating disorder).

Le complexe d’Adonis ou bigorexie.

Certains sportifs consacrent une part importante de leur temps libre à l’exercice physique sans autre projet que de s’embellir et de corriger les défauts supposés de leur corps. Les objectifs de compétition ou de performance sont absents. Il ne s’agit pas d’une simple coquetterie mais d’un trouble de la personnalité avec l’obsession de se muscler, se développer, devenir plus fort et plus mâle… Ces Adonis, principalement masculins, se jugeant toujours insuffisamment musclés, présentent des troubles de l’image du corps à type de dysmorphophobie. À la recherche du corps parfait, cette personne surinvestie dans les activités physiques et sportives va chercher en priorité dans la musculation mais aussi dans la prise de produits (compléments alimentaires, stéroïdes anabolisants) les solutions pour magnifier son corps. Le terme de bigorexie est utilisé car les apports alimentaires sont obsessionnels, fractionnés en plusieurs repas, avec deux objectifs complémentaires : augmenter la masse musculaire et diminuer au maximum la masse grasse, “sécher” pour approcher l’image idéale que ce pratiquant se fait de son corps.

S’il est sollicité par ces Adonis, le médecin consulté devra naviguer entre deux conseils :

• répondre aux questions concernant l’utilisation des compléments alimentaires, des protéines ou même des produits dopants, et éventuellement orienter vers un nutritionniste qualifié pour suivre les sportifs ;

• faire prendre conscience au bigorexique que son mode de fonctionnement est probablement dangereux pour sa santé et qu’il ne serait pas inintéressant qu’il soit pris en charge sur le plan psychologique. Ces troubles bigorexiques peuvent atteindre une population adolescente et le repérage se fait alors sur la fréquentation précoce des salles de musculation. La prise en charge médicalisée sur le plan psychopathologique devrait être fortement recommandée avec le soutien des parents.

Pour en savoir plus :

http://wwwold.chu-montpellier.fr/publication/inter_pub/R226/A5321/LecomplexedAdonis.pdf

La boulimie

La boulimie, ou faim de boeuf, est définie par des épisodes répétés de frénésies alimentaires, soit l’ingurgitation d’une grande quantité d’aliments en moins de 2 h de façon épisodique et compulsive, accompagnée d’un sentiment de perte de contrôle et de dévalorisation après la crise. Sont associés une prise énergétique et des choix d’aliments très variables, des comportements compensatoires récurrents comme les vomissements auto-induits, les laxatifs, les jeûnes et des exercices physiques à outrance. Ces crises, dont la fréquence est plus de deux fois par semaine pendant au moins 3 mois, sont en général dissimulées de manière obsessionnelle.

L’anorexie

L’anorexie est définie comme un refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-dessus d’un poids minimum situé à plus de 85 % du poids normal attendu pour l’âge et pour la taille. Une peur intense de prendre du poids alors que le poids est inférieur à la normale est associée à une altération de la perception de son image corporelle, de son poids et de sa silhouette. Chez les femmes postpubères, les troubles du cycle sont associés à l’absence d’au moins trois cycles menstruels consécutifs.

Le BED

Le BED (binge eating disorder), littéralement “se goinfrer”, aussi appelé hyperphagie compulsionnelle, se caractérise par des épisodes d’hyperphagie avec ingestion, dans un laps de temps limité (moins de 2 h), de quantités importantes de nourriture dépassant notablement ce que la plupart des personnes mangent dans le même temps et dans les mêmes circonstances.

Contrairement à la boulimie, il n’y a pas de comportement de compensation pour empêcher la prise de poids (vomissements, jeûne, prise de laxatifs). Cette dernière caractéristique distingue le binge eating de la boulimie. Le sentiment de perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise est une autre caractéristique : le sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter de manger ou de ne pas pouvoir contrôler ce qu’on mange ou la quantité de ce qu’on mange. Les épisodes d’hyperphagie surviennent lorsque le sujet se trouve seul. La conséquence de ces attaques d’hyperphagie est une prise de poids plus ou moins importante. De nombreux sujets obèses souffrent de ce trouble du comportement alimentaire, souvent associé à d’autres troubles psychiques.

L’orthorexie : manger trop sain ou comment être des “junkies” de la nourriture saine.

L’orthorexie est un trouble du comportement alimentaire qui consiste en une obsession de l’ingestion de nourriture saine. Au contraire des anorexiques ou des boulimiques, l’orthorexique n’est pas obnubilé par la quantité mais par la qualité de la nourriture. L’alimentation étant considérée comme un “alicament”, manger équivaut à se soigner. La personne orthorexique pousse à l’extrême l’idée d’une alimentation saine en planifiant longuement les repas avec pour objectif de réduire sa consommation de protéines ou de graisses animales, de sel, de sucre, ou de toute autre substance chimique qu’elle considère nuisible à sa santé comme les additifs, les conservateurs ou les colorants. L’orthorexie est une idéologie hygiéniste religieusement orchestrée par les gourous végétariens, végétaliens, crudivores ou macrobiotiques. Le sport est un terreau fertile pour cette forme de terrorisme alimentaire : exclusion des protéines animales, pseudo-intolérance au gluten, exclusion des produits lactés pour cause de tendinopathies, exclusion des végétaux “acidifiants”, etc. Chez les sportifs orthorexiques, il est toujours difficile de faire avancer l’idée que les contreperformances peuvent être liées à une anémie, une fatigue chronique ou des tendinopathies à répétition qui sont le résultat d’une alimentation mal adaptée.

Quelques questions à poser pour repérer une orthorexie

• Passez-vous plus de 3 h par jour à penser à votre régime alimentaire ?

• Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments sains ?

• Votre régime alimentaire gêne t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis ?

• Éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime ?

EDNOS

L’EDNOS (eating disorders not otherwise specified) est une entité clinique proposée pour classifier des TCA qui ne sont pas de l’anorexie, ni de la boulimie, ni des BED.

Dans l’EDNOS, contrairement à l’anorexie, les règles sont présentes, le poids est abaissé mais encore dans les limites de la normale, les critères “boulimiques” ont une fréquence inférieure à deux fois par semaine et durent moins de 3 mois. Sont à rechercher car difficiles à dépister : un usage régulier de comportements compensatoires après une consommation de petites quantités de nourriture (comme se faire vomir après deux biscuits, mâcher et cracher sans avaler une grande partie des aliments), des épisodes de binge eating disorder sans les comportements compensatoires de la boulimie.

L’anorexia athletica : une particularité du monde sportif

Les sportifs constituent une population particulière du fait de leur personnalité propre, de leurs entraînements spécifiques, des contraintes alimentaires, physiques et esthétiques liées à leur sport. Toutes ces pressions peuvent conduire à l’anorexia athletica, spécifique du monde sportif et caractérisée par la limitation consciente du poids corporel dans le but d’améliorer les performances sportives. En revanche, le fait particulier est que le sportif abandonne cette autocontrainte alimentaire et retrouve un poids normal à l’arrêt de la compétition.

Ce trouble alimentaire est rapporté dans le sport de haut niveau mais concerne de plus en plus les sportifs amateurs qui exigent d’eux-mêmes un niveau de plus en plus haut. Les traits de personnalité des athlètes qui présentent une anorexia athletica montrent une forte quête de la performance, du perfectionnisme, beaucoup d’ambition et une compétitivité sociale (5).

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