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Qu’est-ce-que le travail isocinétique ?

Définitions

Par travail musculaire isocinétique, il faut entendre travail musculaire réalisé à vitesse constante. Il est donc différent du travail isotonique à charge constante et du travail isométrique ou statique réalisé à longueur constante.

Le dynamomètre

La réalisation d’un travail isocinétique rend nécessaire l’utilisation de dynamomètres qui permettent de programmer la vitesse de travail. Le dynamomètre va adapter la résistance à l’effort déployé par le patient. Tant que la vitesse demandée n’est pas atteinte, le dynamomètre n’oppose aucune résistance. Une fois la vitesse atteinte, la résistance s’auto-adapte à l’effort fourni afin que le patient puisse poursuivre l’exercice. On parle d’asservissement de la résistance.
En adaptant des capteurs de pression, il devient possible de connaître la force développée par un patient en tous points du mouvement. Les dynamomètres isocinétiques sont devenus un outil, quasiment indispensable, d’évaluation musculaire. On conçoit leur intérêt chez le sportif.

Les possibilités du dynamomètre isocinétique

Avec le dynamomètre isocinétique, il est possible de réaliser toutes les techniques de rééducation articulaire :
• mobilisation passive,
• mobilisation active aidée,
• mobilisation active résistée,
• renforcement musculaire concentrique,
• renforcement musculaire excentrique.
Pour cela, nous disposons de trois modes de travail.

Le mode passif

Principe

La mobilisation passive peut être réalisée dans une amplitude choisie et variable lors de la procédure. La vitesse est programmable.
Sur le mode passif, on peut également effectuer un travail actif aidé en demandant au patient d’accompagner le mouvement imposé par la machine.

En pratique

Nous utilisons le mode passif pour réaliser nos protocoles et nos évaluations excentriques. Le patient a pour consigne de freiner le mouvement imposé par la machine.

Le mode concentrique

Principe

Le dynamomètre est en mode actif. C’est le patient qui déclenche le mouvement. Le dynamomètre va adapter la résistance à l’effort déployé par le patient.

En pratique

L’adaptation en tout point du mouvement de la résistance permet d’envisager un travail dynamique précoce en rééducation en limitant les contraintes dans une zone de souffrance articulaire. En zone conflictuelle, il se produit une sidération musculaire réflexe. La chute de force développée par le patient s’accompagne d’une baisse de la résistance du dynamomètre, ce qui permet la poursuite du mouvement.

Contre-indications

La réalisation d’un travail isocinétique concentrique en évaluation ou en rééducation n’est possible qu’en l’absence de contre-indication.
Les contre-indications de ce travail sont des contre-indications de bon sens :
• l’existence de douleur et/ou d’une réaction inflammatoire,
• une raideur articulaire du fait de la notion de temps d’accélération et de décélération en début et fin de mouvement,
• une fracture non consolidée,
• une lésion musculaire, tendineuse et ligamentaire récente,
• une lésion cutanée évolutive.

Le mode excentrique réactif

Principe

Le patient doit, pour lancer le mouvement, réaliser une contraction maximale de l’antagoniste au mouvement. Ex. : travail des rotateurs internes d’épaule en course interne pour un travail de rotation externe résistée de l’épaule. Cela demande une parfaite coordination lors du mouvement. Lorsque l’on demande de nombreuses répétitions, la réalisation de l’exercice devient complexe.

En pratique

En pratique, nous n’utilisons jamais ce mode de travail et réalisons nos protocoles de travail et d’évaluation excentriques sur le mode passif.

Contre-indications

Les contre-indications de l’évaluation excentrique sont :
• l’existence de douleur et/ou une réaction inflammatoire,
• une lésion récente,
• l’existence de douleur lors de la contraction statique en course externe.

Les limites des dynamomètres isocinétiques

L’isocinétisme semble présenter des intérêts, mais a également des limites.

Les limites liées à la réalisation d’un travail à grande vitesse
En effet, il existe un temps d’accélération permettant d’arriver à la vitesse de travail demandée et un temps de décélération finale. Plus la vitesse demandée est élevée, plus la partie réellement isocinétique du travail réalisé est faible. Il est donc difficile, pour ne pas dire impossible, de réaliser des évaluations musculaires ou un programme de renforcement musculaire à des vitesses élevées (au-delà de 300°/s). La portion réellement isocinétique du travail, donc contre-résistance, étant trop faible (inférieure à 25 % de l’amplitude du mouvement). Cela est donc un frein à la réalisation d’une évaluation de l’épaule dans les sports de lancers au cours desquels les vitesses angulaires, lors du mouvement, peuvent atteindre 7 000°/s.

Les limites liées à l’amplitude du mouvement

Il faut également que l’amplitude du mouvement soit suffisante. En dessous de 80° de mobilité, la réalisation d’une évaluation musculaire complète devient difficile. On peut estimer que la vitesse lente ne doit pas dépasser 1°/s et la vitesse rapide de 2 à 2,5°/s par degré de mobilité. Ainsi, si un mouvement est inférieur à 45°, les vitesses d’évaluation seront de 45 et 90°/s par exemple.

Les limites liées à l’épaule

Pour l’épaule, l’évaluation n’est validée scientifiquement que pour les rotations. Se contenter d’une évaluation des rotateurs d’épaule pour l’articulation la plus mobile du corps humain est très insuffisant.

Les limites liées à la vitesse constante

Enfin, il ne s’agit pas d’un travail fonctionnel. Aucune activité ne s’effectue lors des activités de la vie quotidienne ou sportive, à vitesse constante.

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