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Pathologies de la pratique-compétition

Les accidents sont de localisations multiples et variées, mais prédominent sur trois secteurs : la face, les mains et les pieds. C’est une étude déjà ancienne sur le karaté, mais qui reste d’actualité, réalisée par le Dr Éric Poirier en 1990 pour sa thèse de médecine, qui a démembré le mieux les types d’accidents et leurs localisations. Cette traumatologie est tout à fait superposable aux accidents traumatiques survenant dans les autres sports.

Une caractéristique des sports de combat pieds-poings va à l’encontre de ce que l’on pourrait concevoir a priori : la victime du traumatisme est aussi souvent celle qui a porté la frappe que celle qui l’a subie. On constate aussi que les combattants les moins expérimentés, dont les techniques sont approximatives, sont souvent à l’origine de traumatismes sévères sur des combattants plus talentueux.

La traumatologie de la compétition ne se distingue pas par sa spécificité, mais plutôt par ses localisations préférentielles aux extrémités et à la face.

Ces traumatismes sont le plus souvent bénins, ne conduisant pas à l’arrêt de la compétition, mais sont d’une grande diversité, allant de la contusion à la fracture.

L’étude de la traumatologie en compétition faite par le Dr Éric Poirier a porté sur plusieurs années. Un formulaire standardisé a été utilisé. Il comportait une échelle à 5 niveaux de cotation :

  • Niveau 0 : appel du médecin, touche légère.
  • Niveau 1 : touche affirmée, mais sans gravité.
  • Niveau 2 : touche avec plaie ou hémorragie, contusion avec douleur marquée ou hématome, pansement sans interruption du combat.
  • Niveau 3 : touche importante avec arrêt provisoire du combat et sortie de l’aire de combat, mais autorisation de reprendre le combat.
  • Niveau 4 : touche grave avec arrêt du combat, disqualification de l’adversaire (KO, fracture, entorse grave, luxation complète).

Cette étude a montré que les accidents de niveau 4, les plus graves, ne représentaient que 6 % de la traumatologie en compétition. Les atteintes cotées 0 et 1, réunissant les appels simples et les touches sans gravité, représentaient 57 % de l’ensemble des cas. Donc, dans un cas sur deux, le médecin se contente de confirmer à l’arbitre que le combattant est indemne et peut continuer le combat.

Les atteintes cotées 2 et 3 représentent 33 % de l’ensemble des appels. Cela signifie que le médecin prodigue des soins pour un appel sur 3. Enfin, la cotation 4 représente 6 % des appels, ce qui n’est pas négligeable. Elle alerte sur un risque certes faible, mais suffisant pour justifier la présence d’une structure médicale adaptée, avec possibilité d’évacuation vers l’hôpital lors de ces compétitions.

 

Les atteintes de la face

Le nez est la zone la plus touchée en compétition (Fig. 20). Sa position fait que son atteinte par choc direct est la plus fréquente des atteintes de la face.

La bouche se place en deuxième position pour les atteintes de la face. Les plaies des lèvres sont fréquentes, les fractures dentaires plus rares. Le port du protège-dents a fait chuter la fréquence des atteintes dentaires.

Les arcades et pommettes sont exposées aux contusions et plus rarement aux plaies.

Les atteintes des membres supérieurs

Les atteintes sont localisées aux extrémités : doigts, métacarpiens et poignet. L’entorse métacarpo- phalangienne du pouce est la plus fréquente des atteintes du membre supérieur. Plus rarement, on peut se retrouver en présence de fracture des doigts, rupture du tendon extenseur des doigts, doigt en maillet ou mallet finger, ou entorse du poignet (Fig. 21).

Les atteintes des membres inférieurs

Les pieds sont le siège de la majorité des atteintes de ce secteur :

  • Entorse métatarso-phalangienne de l’hallux (pendant au pied de l’entorse du pouce).
  • Abrasions cutanées plantaires.
  • Fractures de métatarsien.
  • Contusions musculaires par choc direct (low kick).

Les atteintes plus rares

  • Épaule : luxation par réception de chute le bras tendu.
  • Genou : entorse du ligament collatéral médial par traumatisme direct en varus (balayage mal exécuté). L’entorse grave du genou avec rupture du LCA est exceptionnelle dans ces sports.
  • Cheville : contusion ou hématome le plus souvent. L’entorse talo-crurale est quasi inexistante en compétition dans les sports pieds-poings.
  • Les traumatismes du globe oculaire.
  • Les traumatismes des bourses.
  • La névralgie post-traumatique du rameau latéral D12 ou L1 (faux syndrome de Maigne).

Le KO

C’est un accident spectaculaire de la compétition, plus fréquent dans les sports pieds-poings à coups portés (kung-fu, taekwondo), mais non exceptionnel au karaté. Dans les 30 dernières années, le KO a fait l’objet de nombreuses études dans différents sports et ses mécanismes sont mieux compris. Seuls les KO céphaliques peuvent avoir des conséquences neurologiques. La survenue de cette perte de connaissance, dénommée KO, peut être liée à un traumatisme céphalique, un traumatisme du larynx ou un traumatisme thoraco-abdominal. Dans les deux derniers cas, c’est la survenue d’un réflexe vagal qui explique la perte de connaissance.

Est déclaré KO tout combattant qui reste à terre plus de 10 secondes. Dans les sports pieds-poings, cet accident est le plus souvent bénin et les lésions cérébrales graves sont rarissimes. La boxe professionnelle est le plus grand pourvoyeur de lésions neurologiques.
Cependant, tout KO céphalique impose un bilan neurologique en milieu hospitalier et une surveillance ultérieure pendant plusieurs mois.

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