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Le point sur la créatine avec le Dr Jacques Pruvost

L’utilisation de la créatine reste un sujet tabou chez les sportifs. Pourtant, ce complément alimentaire est légal et n’est pas considéré comme un produit dopant. Le Dr Jacques Pruvost nous aide à y voir plus clair

Qui consomme de la créatine ?
Tout sportif qui a dans l’idée d’améliorer ses performances, et ce quel que soit son niveau, peut être amené à prendre de la créatine en pensant que cela va améliorer ses résultats.

La créatine a-t-elle réellement un effet sur les performances ?
Pour un sportif qui s’entraîne deux à trois fois par semaine maximum, la créatine n’aura probablement aucun intérêt en termes de performance. Mais pour quelqu’un qui s’entraîne de façon quotidienne, la réponse est un peu plus complexe. Les études ne sont pas consensuelles, mais il n’est pas impossible que la créatine améliore les capacités physiques en cas de séries successives d’exercices très intenses de courte durée. Néanmoins, cela dépend du sport pratiqué, mais aussi de la réponse de chacun à la créatine. En effet, certains vont être de « bons répondeurs », avec des effets sur la performance, et pour d’autres, cela n’aura aucun effet.
Il est probable et logique que l’effet de la créatine soit plus réel dans les sports de force-vitesse, dont les entraînements sont basés sur la répétition d’exercices courts, que dans les sports d’endurance.
Au niveau international, la créatine est classée dans les compléments alimentaires pour lesquels un effet sur la performance est possible.

Des risques ont-ils été prouvés ?
Les risques sont faibles, voire inexistants, chez des sujets sains à partir du moment où les doses prescrites sont respectées et que le produit est de bonne qualité. Il faut bien noter que la créatine est une substance que nous produisons naturellement au niveau des muscles. Le bon dosage est défini selon le poids et la masse musculaire.
Une méta-analyse* a toutefois montré que la prise de créatine pouvait avoir un effet néfaste sur la fonction rénale chez les sujets âgés et les personnes souffrant d’insuffisance rénale. Cet effet est beaucoup plus rare chez les sujets sains. Il est donc essentiel que le médecin du sport réalise un suivi nutritionnel, médical et surtout biologique de ses patients.
Mais les complications surviennent généralement lorsque la créatine est prise à des doses trop fortes, sur de trop longues périodes ou lorsqu’elle est associée à des produits toxiques.

Pourquoi la créatine a-t-elle alors été interdite en France jusqu’en 2007 ?
On le sait maintenant, la créatine, prise à des doses correctes et avec un suivi approprié ne représente pas un danger réel pour la santé. À l’époque, la Haute Autorité de Santé n’a jamais pu confirmer la dangerosité de ce produit. Pour moi, l’interdiction relevait plutôt d’idées préconçues. J’entends encore dire que la créatine est une substance qui masque la présence d’autres produits dopants, mais ceci est complètement faux.

Pourtant, comme on n’a pu le voir avec le cas de Florent Manaudou, la prise de créatine reste un sujet tabou. Quelles sont les conséquences ?
Le principal risque est le recours aux achats sur Internet. Et la créatine qu’on trouve en ligne est généralement associée à d’autres produits comme des stimulants ou des anabolisants. Donc le risque est là. Il vaut mieux prendre de la créatine d’origine contrôlée et sous surveillance médicale.

Finalement pour vous, est-ce un complément alimentaire comme un autre ?
Oui, c’est un complément alimentaire comme un autre lorsqu’il est utilisé par des personnes en bonne santé.

Entretien du 13 mai 2015.

 *Pline KA, Smith Curtis L. The effect of creatine intake on renal function. The Annals of pharmacotherapy 2005 ; 39 (n°6) : 1093-96.

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