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Partie 2 : les effets de l’activité physique sur le fœtus

A – Troubles de la thermorégulation et effets tératogènes

Chez l’animal, de nombreuses études ont mis en évidence l’effet tératogène de l’augmentation de température interne chez la mère. Chez la femme enceinte, aucune étude n’a pu démontrer l’effet tératogène imputable à une température corporelle interne élevée au stade précoce du premier trimestre (1, 5, 6, 11). Il n’est donc pas justifié d’interdire le sport pour les femmes enceintes sous le prétexte d’effets tératogènes ou d’anomalies génétiques possibles (10). L’exercice physique prolongé en atmosphère chaude ou froide doit cependant être toujours proscrit, notamment au cours du premier trimestre, du fait de la possibilité de souffrances foetales (1, 2, 4-6).

Grossesse =
Zéro alcool mais aussi
Zéro sport intensif,
Zéro compétition,
Zéro sport
en atmosphère chaude,
a fortiori pendant le premier trimestre.

B – Exercice physique et fausses couches

Certains auteurs ont étudié l’incidence des fausses couches, avec ou sans aberrations chromosomiques, et montré que les femmes qui pratiquaient une activité physique pendant la grossesse présentaient un risque nettement moindre de fausse couche sans anomalies chromosomiques (12). Une méta-analyse a été menée au Danemark pour examiner les relations entre exercice physique et fausse couche chez plus de 92 000 femmes, entre 1996 et 2002 (13). Cette étude révèle que le risque est significativement plus important chez les femmes qui pratiquent plus de sept heures de sport par semaine dans les 18 premières semaines de gestation, a fortiori s’il s’agit de sports avec un haut niveau d’impact (jogging, sports collectifs). En revanche, après le cinquième mois de grossesse, aucune relation entre pathologies gravidiques et activités physiques n’a pu être démontrée (13).

C – Exercice physique, circulation foeto-maternelle et retard de croissance intrautérin (RCIU)

Les effets de l’activité physique sur la redistribution du débit sanguin, et notamment de la circulation utérine et placentaire, sont discutés. Au cours de l’exercice physique, la redistribution sanguine utérine et placentaire, vers les muscles squelettiques, ne pourrait-elle pas être à l’origine de souffrance fœtale (6) ? Webb a démontré que la réponse habituelle à l’activité physique chez le fœtus était une augmentation de 10 battements par minute de la fréquence cardiaque pendant l’exercice. Le retour à la fréquence cardiaque fœtale de base se faisant en 10 à 20 minutes après la fin de l’exercice (14). La circulation fœto-maternelle et la circulation fœtale ont été étudiées par Doppler à l’occasion d’activité de pédalage sur bicyclette ergométrique (15). Les résultats ont été comparés chez des femmes enceintes de fœtus normaux et chez des femmes enceintes avec retard de croissance intra-utérin. L’exercice physique n’altère pas les résultats des Dopplers utérins et ombilicaux des mères avec fœtus normaux ou hypotrophiques, mais entraîne une augmentation des résistances aortiques chez les fœtus hypotrophiques. Il est légitime d’envisager que, si l’exercice physique n’a pas d’impact sur la circulation fœtomaternelle, en cas de RCIU, l’activité physique pourrait avoir un effet délétère sur la circulation fœtale et ne devrait pas être recommandée (15).

D – Exercice physique et poids de naissance

Peu d’études permettent d’évaluer réellement l’impact de l’activité physique sur le poids de naissance de l’enfant. Même s’il existe une relation significative et inverse entre le poids de naissance et l’intensité de l’activité physique, la réduction du poids de naissance est généralement expliquée par une diminution de la masse grasse chez le nourrisson à la naissance (11, 16). Aucune étude ne permet d’affirmer que l’activité physique raisonnée et raisonnable puisse être seule responsable d’une hypotrophie ou d’un petit poids de naissance (2, 4, 11). Il semble cependant souhaitable d’éviter les efforts intenses et/ou prolongés qui peuvent toujours induire une souffrance foetale aiguë ou chronique (2, 4).

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