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Pratique sportive à haute température : quels sont les risques ?

Lors de grands événements sportifs, comme le Marathon des Sables ou l’Open d’Australie, il n’est pas rare de voir des sportifs se dépenser parfois pendant des heures en plein soleil, à des températures élevées. Mais une telle pratique est-elle sans risque pour la santé ? Réponse avec le Dr Emmanuel Sagui, neurologue à l’hôpital d’instruction des armées Laveran et professeur à l’École du Val-de-Grâce.

Comment peut-on définir une température à risque ?

Des tables ont été créées pour mesurer l’indice de chaleur et ainsi déterminer le risque de la pratique d’une activité. Par exemple, la table utilisée par l’armée française définit plusieurs niveaux de risque : faible, modéré, important ou majeur. Ces tables sont basées sur la température mais aussi sur l’hygrométrie (degré d’humidité de l’air). Il n’y a donc pas de température seuil. Toutefois, au-delà de 28 °C, le risque est présent. De la même façon, une hygrométrie élevée est à risque, quelle que soit la température. En effet, plus l’air est humide, plus l’évaporation de la sueur est compliquée.

Table pour connaître l’indice de chaleur. Par exemple, si la température est de 30 °C et l’hygrométrie de 60 %, l’indice est de 33 °C, ce qui correspond à un risque important*.

Quel est le risque d’une pratique sportive à température élevée ?

Le risque majeur est le coup de chaleur à l’exercice (on parle d’encéphalopathie d’effort dans un contexte hyperthermique). Il s’agit d’une urgence qui peut entraîner le décès si elle n’est pas prise en charge correctement.

Cela est dû à un ensemble de facteurs :

– On distingue d’une part les facteurs extrinsèques que sont la chaleur, l’hygrométrie, la tenue vestimentaire. À noter toutefois que la chaleur, même si elle augmente notablement le risque, n’est pas une condition nécessaire et suffisante. Des coups de chaleur peuvent en effet survenir en pleine montagne à des températures allant jusqu’à – 3 °C. L’hygrométrie et une tenue non adaptée vont augmenter le risque en limitant l’évaporation de la sueur.

– D’autre part, il existe des facteurs intrinsèques, spécifiques de l’individu. Citons par exemple le manque de sommeil, la consommation d’alcool, etc.

Le facteur cognitif n’est pas à négliger non plus. On constate paradoxalement que le coup de chaleur à l’exercice survient plus souvent chez des sujets entraînés, en particulier chez ceux qui font de la compétition. En effet, les personnes qui pratiquent une activité de loisir vont beaucoup plus s’autoréguler en fonction de la contrainte thermique, alors qu’en compétition, l’enjeu étant plus important, les sportifs vont être moins à l’écoute de leur corps.

Comment se manifeste le coup de chaleur à l’exercice ?

Pour certaines personnes, le coup de chaleur se déclenche subitement et, pour d’autres, il y a des signes avant-coureurs. Il est important de savoir reconnaître ces signes et d’arrêter l’effort au moindre doute. Il peut s’agir de céphalées, nausées ou vomissements, d’une marche titubante, voire d’une irritabilité.

Le coup de chaleur à proprement parler est caractérisé par un signe neurologique fort comme l’obnubilation, la perte de connaissance, voire une convulsion ou un coma.

En quoi consiste la prise en charge du coup de chaleur à l’exercice ?

Il s’agit tout simplement de refroidir la personne afin d’abaisser sa température corporelle. Pour cela, même s’il y a eu polémique à ce sujet, la meilleure façon semble à ce jour d’immerger totalement la personne dans l’eau glacée. En fait, le corps étant déjà dérégulé par l’hyperthermie, le risque d’hydrocution est absent. Dès que la température atteint 38,5° C, il faut ressortir la personne, l’immersion doit être de courte durée. Si la prise en charge n’est pas adéquate dans l’heure, des complications peuvent survenir !

Selon moi, il faudrait prévoir des piscines d’eau glacée à l’arrivée des courses organisées. On constate en effet que le coup de chaleur survient souvent à la fin des courses, probablement parce que les coureurs donnent un dernier coup d’accélérateur pour arriver.

Quels sont les autres risques d’une pratique à haute température ?

Le risque de déshydratation est également présent, mais il se prévient facilement.

Le risque cardiovasculaire existe mais n’est pas spécifique de l’effort à la chaleur, la fréquence cardiaque augmentant à l’effort.

La fatigue peut également survenir plus rapidement en cas de fortes chaleurs. 

Encadré – Conseils pratiques

• Préparer son corps pendant 2 à 3 semaines aux conditions de chaleur avec des efforts modérés (acclimatation)

• Privilégier les vêtements clairs et en microfibres pour favoriser la transpiration

• Porter une casquette ou un chapeau

• Bien s’hydrater

• S’arroser la tête et la nuque

• Se mettre de la crème solaire (ce qui n’empêche pas de transpirer !)

Référence :

*Ministère de la défense et des anciens combattants. Manuel d’entraînement physique militaire et sportif (EPMS). Publication inter-armées PIA-7.1.1. N°D-11-008039/DEF/EMA/RH/NP du 12 octobre 2011 : p.71

 

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