
Lors d’une consultation
Lola, adolescente de 17 ans pratiquant le tennis, consulte avec ses parents pour avis concernant sa thyroïde. Elle avait présenté deux ans auparavant, quelques jours après l’impact direct d’une balle de tennis, une douleur au point d’impact et une tuméfaction à la base du cou. L’échographie cervicale avait révélé la formation d’un kyste thyroïdien liquidien pur. Une simple évacuation à l’aiguille fine avait permis la réduction du kyste. Sur cette échographie était notifiée la présence d’un tissu thyroïdien légèrement hypoéchogène pouvant orienter vers une thyroïdite. Le bilan hormonal était revenu à la normale. À noter la notion de dysthyroïdie chez sa mère et sa grand-mère maternelle.
La consultation actuelle est motivée par une sensation de serrement du cou associée à des coups de pompe. La sensation de serrement du cou est apparue quelques mois après le traumatisme. À l’examen, la thyroïde est sensible à la palpation et Lola présente des acroparesthésies des mains avec sensations de lourdeurs des bras en fin de nuit. Le bilan confirme la thyroïdite du fait de la positivité des anticorps antithyroïdiens. La TSH est légèrement augmentée, à 7 mUI/L, associée avec un degré d’hypothyroïdie biologique puisque la T4 libre est légèrement abaissée. Des doses filées de lévothyrox associées à du sélénium ont permis la régression des troubles. Dans cette observation, on conclut que l’impact de la balle de tennis a porté sur un tissu thyroïdien dystrophique et a révélé une thyroïdite de Hashimoto latente qui s’est secondairement aggravée avec passage en hypothyroïdie.
Quiz 1 • Quelle est la conduite à tenir devant un impact au niveau de la partie antérieure du cou ?
A. Une simple surveillance
B. Une échographie thyroïdienne
C. Une hospitalisation en urgence
Réponse : C
Quiz 2 • La détermination de la TSH suffit au diagnostic de l’hypothyroïdie :
A. Vrai
B. Faux
C. Pas toujours
Réponse : C
Quiz 3 • La thyroïdite de Hashimoto est définie par la seule présence des anticorps anti-thyroperoxydase :
A. Vrai
B. Faux
Réponse : B
Quiz 4 • Le traitement substitutif par hormones thyroïdiennes ne doit être instauré que si la TSH est augmentée au-delà de 10 mUI/L :
A. Oui
B. Non
Réponse : B
Il faut savoir composer avec la thyroïde. Elle intervient dans le fonctionnement des grands systèmes de l’organisme. C’est une glande fragile, soumise au stress, à l’action de perturbateurs environnementaux et sensible aux carences alimentaires (iode, zinc, sélénium). Son fonctionnement peut être aussi perturbé par des aliments comme le manioc, les crucifères, le soja, les toxiques comme le tabac et le cannabis. L’action des perturbateurs thyroïdiens s’exerce surtout s’il existe un déficit du statut en iode. Une bonne protection consiste à consommer du sel iodé (sans en abuser) et des produits de la mer et de limiter les aliments perturbateurs, surtout s’il existe des antécédents familiaux de dysthyroïdie. Des médicaments peuvent aussi avoir un impact sur la thyroïde, surtout la cordarone, les sels de lithium ou l’interféron.
Si le diagnostic et le traitement des hypo- et hyperthyroïdies avérées sont bien codifiés, la présence d’une hypo- ou hyperthyroïdie infraclinique ou fruste peut relever de l’avis et du choix du spécialiste pour évaluer la véracité d’une maladie thyroïdienne sous-jacente dont le retentissement peut être source de contre-performance alors qu’au contraire un traitement mal indiqué peut être source de perturbations délétères sur le plan de l’état général en particulier musculaire, cardiovasculaire et nerveux. Les deux maladies hypo- et hyperthyroïdie sont rarement incompatibles avec la pratique d’activités physiques. Cependant, les perturbations qu’elles induisent jouent en défaveur du sportif, donc de ses performances. Un avis spécialisé de l’endocrinologue et du cardiologue est impératif.