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Actualisation des tests cliniques de l’épaule

Dr Jacques Parier - Médecine physique et réadaptation, clinique Maussins Nollet, Paris

La session sur les examens cliniques de la coiffe des rotateurs dirigée par le Dr Läderman a particulièrement marqué le 27e congrès SECEC-ESSSE qui s’est tenu à Berlin en septembre 2017. L’opportunité de faire le point sur ce sujet.

Environ 180 tests pour l’épaule

Le diagnostic de performance clinique des tests de l’épaule est fondé sur la sensibilité, la spécificité, la valeur prédictive positive, la valeur prédictive négative et la possibilité de classer les patients avec précision selon le type de tendinopathie.

Dans un certain nombre de cas, il peut y avoir des confusions, car des tests cliniques d’appellations différentes peuvent représenter la même chose. Pour citer un exemple concernant le supra-épineux : le test de Jobe, le test du supra-épineux et le test de la canette vide désignent un et même test. Par ailleurs, différents critères peuvent être utilisés pour qualifier un test de positif. Pour le supra-épineux, on peut notamment choisir la diminution de force ou la douleur. Enfin, certains tests sont utilisés pour différentes pathologies. Il existe environ 180 tests pour essayer de déchiffrer les pathologies de l’épaule (1-4).

Le supra-épineux

Anatomie

Les fibres musculaires du supra-épineux s’insèrent aux deux tiers internes de la fosse supra-épineuse. Le corps musculaire donne naissance à un tendon qui adhère fortement à la capsule. Il s’insère sur les tubercules de l’extrémité supérieure de l’humérus. Il prend quelques insertions fibreuses sur le processus coracoïde en passant à son contact. Celles-ci peuvent limiter la rétraction du muscle en cas de rupture de son tendon distal. La bourse sous-acromio-deltoïdienne offre un plan de glissement entre la face supérieure du supra-épineux et la voûte ostéo-fibreuse. En avant, le tendon du muscle supra-épineux est séparé du tendon du muscle sub-scapulaire par l’intervalle antérieur de la coiffe. Le muscle supra-épineux comporte une partie antérieure et une partie postérieure. La partie antérieure du muscle est organisée autour d’une longue et étroite lame fibreuse. Elle représente 75 % du volume total du supra-épineux. La lame tendineuse se termine à la partie antérieure du muscle. Elle occupe le tiers de la largeur totale de la partie distale du tendon supra-épineux. Elle est particulièrement solide et assure les deux tiers de la résistance totale du tendon.

La partie postérieure du supra-épineux, plus profonde, ne représente que 25 % du volume total du muscle. L’anatomie de l’insertion du tendon supra-épineux sur l’humérus a évolué :

– L’emplacement de l’insertion est très antérieur et la morphologie de la zone d’insertion sur le tubercule majeur est triangulaire.

– Il existe une insertion de fibres provenant du supra-épineux sur la facette supérieure du tubercule mineur de l’humérus. Une poulie ligamentaire pour stabiliser le tendon du chef long du biceps brachial est ainsi constituée et une continuité fonctionnelle de la coiffe est assurée.

Le muscle supra-épineux est abducteur et coapteur de l’articulation scapulo- humérale. Le tendon antérieur transmet l’essentiel de la force du corps musculaire. Ce muscle agit en synergie avec le muscle deltoïde tout au long de l’abduction en maintenant la tête humérale centrée dans la cavité glénoïdienne. Ce n’est pas seulement « le starter » de l’abduction.

Les tests

Le test de Jobe ou test de la canette vide (empty can test) (Fig. 1) est utilisé pour le diagnostic des déchirures du supra-épineux.

Figure 1 – « Empty can test »

Il consiste à évaluer la capacité d’un patient à résister à une pression vers le bas. Le bras est situé à 90° d’élévation dans le plan de l’omoplate et à 45° de rotation interne.

Le test de la canette pleine (full can test) (Fig. 2) consiste quant à lui à évaluer la capacité d’un patient à résister à une pression vers le bas, bras situé à 90° d’élévation dans le plan de l’omoplate et à 45° de rotation externe.

Figure 2 – « Full can test »

Ce test a été développé comme une alternative au test de Jobe, car la rotation externe entraîne habituellement moins de douleur lors de la contraction d’un supra-épineux en souffrance que la rotation interne. Pour ces deux tests, la diminution de force est un signe plus pertinent que la douleur. Ces deux tests sont plus sensibles que spécifiques. Leurs performances sont similaires quand c’est la diminution de la force qui est évaluée. La douleur sans faiblesse indiquerait une tendinopathie sans rupture, mais cela n’a pas encore été validé.

Comme d’autres auteurs, Itoi (5) a exploré le test de Jobe et les indices de sensibilité et de spécificité en fonction du critère choisi : quand le critère utilisé est la faiblesse, la sensibilité est de 77 % et la spécificité de 68 %, et quand il s’agit de la douleur, la sensibilité est de 63 % et la spécificité de 55 %. Une étude de Ostör (6) a comparé l’examen clinique aux résultats de la résonance magnétique et de l’arthroscopie. Concernant l’examen clinique, la sensibilité et la spécificité pour détecter une déchirure ou une rupture du supra-épineux étaient respectivement de 30 et 38 %.
Plus récemment, le travail de Chalmers (7) faisant suite aux études électromyographiques d’Holtby en 2004 (8) a défini une nouvelle position de testing encore plus spécifique du supra-épineux du fait du ratio avec la contraction du deltoïde. Cet auteur confirme la contraction maximale du supra-épineux à 90° d’abduction. Cependant, lorsque l’abduction est réduite, l’auteur note une diminution significative du ratio entre l’activité du supra-épineux et celle du deltoïde. Cette position, qu’il appelle « Champagne toast position », nécessite 30° d’abduction, une petite rotation externe, 30° de flexion et 90° de flexion du coude (Fig. 3).

Figure 3 – « Champagne toast position ».

Bibliographie

  1. Beaudreuil J, Nizard R. Contribution of clinical tests to the diagnosis of rotator cuff disease: a systematic literature review. Joint Bone Spine 2009 ; 76 : 15-9.
  2. Gismervik SØ, Drogset JO, Granviken F et al. Physical examination tests of the shoulder: a systematic review and meta-analysis of diagnostic test performance. BMC Musculoskelet Disord 2017 ; 18 : 41.
  3. Kelly BT, Kadrmas WR, Speer KP. The manual muscle examination for rotator cuff strength: an electromyographic investigation. Am J Sport Med 1996 ; 24 : 581-8.
  4. Michelin P, Demondion X, Duparc F, Cotten A. Anatomie musculotendineuse du supra-épineux et de l’infra-épineux. SIMS opus XLlll 2016 : 121-35.
  5. Itoi E, Kido T et al. Which is more useful, the ‘‘full can test’’ or the ‘‘empty can test’’, in detecting the torn supraspinatus tendon? Am J Sports Med 1999 ; 27 : 65-8.
  6. Ostör AJ, Richards CA, Tytherleigh-Strong G et al. Validation of clinical examination versus magnetic resonance imaging and arthroscopy for the detection of rotator cuff lesions. Clin Rheumatol 2013 ; 32 : 1283-91.
  7. Chalmers PN, Cvetanovich GL, Kupfer N et al. The champagne toast position isolates the supraspinatus better than the Jobe test: an electromyographic study of shoulder physical examination tests. J Shoulder Elbow Surg 2016 ; 25 : 322-9.
  8. Holtby R, Razmjou H. Validity of the supraspinatus test as a single clinical test in diagnosing patients with rotator cuff pathology. J Orthop Sports Phys Ther 2004 ; 34 : 194-200.

Revues

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