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L’arthropathie acromio-claviculaire : il suffit d’y penser !

Dr Jean-Marie Coudreuse (Service de médecine du sport, CHU Salvator, Marseille)

Il est classique de dire que quand, sur le plan clinique, « on ne comprend rien à une épaule », il s’agit soit d’une lésion du long biceps soit d’une arthropathie acromio-claviculaire. Si dans la pathologie du long biceps, l’examen clinique comporte peu de signes fiables pour confirmer ce diagnostic, dans le cas des arthropathies acromio-claviculaires c’est tout à fait différent. Cette pathologie chronique acromio-claviculaire est à la fois très fréquente et de diagnostic facile mais paradoxalement, c’est souvent “l’oubliée” de l’examen de l’épaule.

Dans la plupart des cas, le patient se présente avec le “syndrome du sac plastique”, c’est-à-dire une somme impressionnante d’examens (radiographies, échographies, arthro-scanner, IRM…) qui malheureusement sont centrés sur l’articulation gléno-humérale et qui donc ne renseignent pas sur l’articulation en cause.

Le retard diagnostique est fréquent car les résultats de ces examens mettent souvent en évidence des images qui sont parfaitement asymptomatiques sur le plan clinique et qui parfois auront entraîné la mise en place de stratégies thérapeutiques inadaptées.

La grande difficulté dans l’arthropathie acromio-claviculaire est donc tout simplement le fait d’y penser.

Cette articulation peut donc être altérée selon deux types de mécanismes : traumatiques ou microtraumatiques.

Si les traumatismes aigus (entorses, luxations acromio-claviculaires) sont de diagnostics évidents, l’arthropathie est souvent beaucoup moins évoquée.

L’interrogatoire

Pour ne pas l’oublier, il suffit de débuter l’interrogatoire en demandant au patient de montrer avec un doigt où est la zone douloureuse. En général, il mettra celui-ci en regard de l’articulation acromio-claviculaire et parfois au niveau du trapèze mais presque toujours à la partie supérieure de l’épaule (Fig. 1). Cette douleur ascendante doit faire évoquer en premier lieu une douleur acromio-claviculaire alors que les classiques douleurs liées à la coiffe ou à la gléno-humérale vont avoir des trajets douloureux descendants. D’ailleurs, dans ces cas, il n’est pas rare que le patient explique qu’il a “mal au bras”.

Il faut bien sûr dans cette localisation douloureuse éliminer une pathologie du rachis cervical par un examen complet de ce dernier.

Figure 1 – La zone douloureuse se situe à la partie supérieure de l’épaule.

L’examen clinique

L’examen clinique permet de retrouver deux signes :

• la palpation de l’articulation acromio- claviculaire qui le plus souvent est douloureuse et il ne faut pas hésiter à associer à cette palpation différents mouvements de l’épaule qui permettent de mieux dégager l’interligne acromio-claviculaire ;

• le deuxième signe classique est le Cross adducting test (adduction horizontale de l’épaule) : en effet, la mise en adduction passive horizontale forcée de l’épaule va réveiller la douleur. Cette pathologie se retrouve le plus souvent chez les “sportifs en fin de carrière” qui auront beaucoup pratiqué un sport de lancer ou de la musculation. La douleur se réveile le plus souvent lors du geste sportif dans des mouvements nécessitant une adduction horizontale du bras ou une abduction.

Les examens complémentaires

Les examens complémentaires sont simples : il s’agit d’une radiographie de face centrée sur l’articulation acromio- claviculaire qui peut être complétée par une échographie.

La prise en charge

La prise en charge nécessite le plus souvent un repos au moins relatif c’est-à-dire en évitant les gestes nécessitant la mise en jeu de l’acromioclaviculaire avec une abduction ou une adduction du bras.

Les traitements locaux par anti-inflammatoires peuvent être proposés dans un premier temps. Certains utilisent volontiers la mésothérapie.

La kinésithérapie comprend de la physiothérapie antalgique et un travail de renforcement de l’épaule mais les résultats sont souvent décevants. Le traitement le plus efficace reste certainement l’infiltration de corticoïdes qui permet dans la plupart des cas de résoudre le problème. En cas d’échec de tous ces traitements, le recours à la chirurgie peut être indiqué.

Conclusion

Les arthropathies acromio-claviculaires sont fréquentes chez les sportifs. Le diagnostic est très facile à faire, il suffit simplement d’y penser, et la localisation de la douleur permet déjà d’orienter vers cette pathologie. Deux signes simples d’examen permettent de confirmer le diagnostic. Dans cette pathologie, on utilise essentiellement comme thérapeutiques les moyens locaux et le “traitement roi” repose sur une infiltration locale de corticoïdes qui le plus souvent permettra de faire disparaître la symptomatologie.

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