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Une douleur de talon chez une enfant : Cas d’une fracture de fatigue

Dr Hervé de Labareyre (Clinique des Lilas, Les Lilas)

Jade, 12 ans, pratique l’athlétisme régulièrement. Il y a trois semaines, elle a ressenti une douleur au talon gauche après son entraînement d’athlétisme habituel, sans aucune notion traumatique. Depuis, elle garde une douleur modérée dans toutes ses activités quotidiennes debout, douleur qui se majore à la fatigue et lorsqu’elle cherche à courir ou à sauter. Elle ne ressent aucune douleur de repos. Elle a tendance à marcher sur la pointe du pied à gauche. Elle n’a noté aucun gonflement, aucune ecchymose.

Diagnostic

A l’examen l’accroupissement, la montée sur demi-pointe et le saut sont indolores, même en monopodal. La marche sur la pointe des pieds est indolore alors que la marche sur les talons est impossible. Le tendon calcanéen est indolore, tant dans sa partie corporéale qu’au niveau de l’insertion. Le pincement du calcaneus postérieur et la percussion du talon sont douloureux et la jonction face postérieure–face inférieure du talon paraît plus particulièrement sensible.

Deux calcaneus de profil : fracture de l’extrémité inférieure du noyau d’ossification calcanéen gauche.

La radiographie montre une fissuration tout à fait nette de la partie toute inférieure du noyau d’ossification postérieur du calcaneus. Dans ce contexte, il s’agit d’une fracture de fatigue mais une chute sur le talon aurait parfaitement pu provoquer la même lésion, on aurait alors parlé de fracture traumatique. Aucun traitement n’est nécessaire hormis l’interruption sportive et le choix de chaussures amortissantes. L’évolution est spontanément favorable entre 6 et 12 semaines, selon les enfants.

Discussion

Cette lésion est à différencier de la maladie de Sever, apophysite de croissance qui touche aussi le noyau d’ossification secondaire du calcaneus ou plutôt le cartilage de conjugaison qui le sépare du calcaneus déjà ossifié. Il s’agit d’une pathologie de surcharge liée aux tractions du tendon calcanéen sur sa zone d’insertion et les tests dynamiques en charge sont toujours douloureux (demi-pointes, sauts). La douleur est réveillée à la palpation de la face postérieure du calcaneus, dans la zone d’insertion du tendon calcanéen.

On retrouve des anomalies radiographiques très variables : l’aspect peut être strictement normal comme le noyau peut apparaître irrégulier, morcellé, hétérogène, très densifié. L’évolution est également spontanément favorable dans des délais souvent plus longs, en particulier s’il existe des anomalies radiographiques.

Elle est également à différencier de la talonnade qui est une contusion directe de la face inférieure du talon. On retrouve toujours la notion d’un traumatisme (réception de saut mal amortie, réception sur un caillou proéminent). Les radiographies ne montrent jamais rien, seules l’échographie ou l’IRM peuvent déceler la zone traumatisée. L’évolution est par contre souvent très prolongée, sur plusieurs mois.

Les fractures de fatigue ont été décrites dans de nombreuses localisations chez les enfants.

Cette localisation talonnière est tout à fait spécifique et est favorisée par la relative fragilité du socle cartilagineux sur lequel est posé le noyau calcanéen. Le mécanisme causal est une contusion locale directe répétée.

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